Humeurs taurines et éclectiques

mardi 26 juillet 2011

ORTHEZ 2011, PREMIER BILAN



Comme dab, quelques impressions PERSONNELLES, bien entendu SUBJECTIVES et forcément partiales sur la journée taurine du 24.
Je passerai rapidement sur la prestation des hommes du jour. D'abord parce que souvent mobilisé par ailleurs, je n'ai pu consacrer une attention régulière et soutenue aux lidias. Ensuite parce que, comme je l'ai souvent exprimé, le callejon n'est pas le meilleur lieu pour apprécier un festejo (déficit de vision globale en 3 dimensions), surtout lorsque votre «référentiel» n'est pas habitué à cet angle. Enfin parce qu'il serait de ma part inélégant de porter jugement sur des hommes que j'ai engagé et avec qui je ne peux m'empêcher d'entretenir des affects. On voudra bien le comprendre.
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Tout d'abord on ne peut éluder la composante climatique très défavorable qui a influé toute la journée, et tout particulièrement pour la corrida.
Une influence sur le moral des troupes et du public. Trempé et transi, on ne voit pas les choses de la même manière qu'avec soleil et mouches.
Influence également sur la lidia dans la mesure où l'incertitude quant aux appuis sur sol glissant et détrempé augmente le niveau de risque. Or l'après-midi les Dolores ne se sont pas exactement comportés comme des soeurs de charité.
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En ce qui concerne la novillada, la présentation m'a semblé indiscutable. Trapio et têtes correspondaient totalement à nos exigences. Par contre, j'attendais ces novillos avec un peu plus de piquant et de force. Ceci dit, ils n'ont nullement démérité et leur prestation a rendu la matinée intéressante. Dommage pour le splendide cárdeno dont l'éleveur (et votre serviteur) attendait beaucoup.

Le cartel en hommes a été composé très tardivement. Devait primitivement y figurer Cayetano ORTIZ, qui s'est retiré d'un commun accord avec la Commission pour pouvoir pleinement se consacrer à sa programmation prévue le soir à Madrid. Nous avons voulu présenter des nouvelles têtes, ou du moins des novilleros peu vus en France, mais il fut difficile de mener avec eux le travail préalable d'échanges que nous menons habituellement.
Cristian ESCRIBANO (il toréait le soir à Madrid) m'a intéressé, je lui ai trouvé une certaine sincérité et des talents de lidiador.

L'immense déception vient du tercio de piques qui n'a aucunement répondu à nos attentes et surtout aux efforts déployés. Personnellement, j'aurais laissé le prix «desierto», mais le jury, qui a toute ma confiance est souverain et s'exprimera sans doute pour expliquer sa décision. Un tercio a RETRAVAILLER néanmoins sous toutes les coutures.
Pour employer un mode d'évaluation scolaire, je noterai la matinée, tout compris, d'un 12/20: «Encourageant mais peut mieux faire.»
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Etant donné la prestation de l'an dernier, le lot de Dolores AGUIRRE avait infiniment plus de chance de décevoir que d'étonner. En outre, nous avions été exceptionnellement bien servis.
Le choix de ce lot nous a gêné, ce n'était un secret pour personne. Nous nous sommes sentis obligés de répéter cette ganaderia alors que notre penchant allait à changer chaque année. Ceci dit, étant donné le sérieux de la maison AGUIRRE, cela ne fut nullement une contrainte.
La donne ayant changée, il était tout aussi évident pour tout aficionado lucide et informé que l'engouement aidant, passant après des plazas beaucoup plus «puissantes», nous ne pourrions bénéficier d'atouts aussi propices. NOUS N'AVONS PAS LES MOYENS FINANCIERS DE VIC, NI MÊME DE CERET (ni les mêmes tarifs d'ailleurs). C'est quasiment un miracle que nous ayons eu ce lot.

Pour autant, je le dis avec force, il m'a paru honorable et tout à fait digne d'intérêt. Pensons aux lots que nous avons vus sortir dans le sud-ouest, à ceux que nous allons voir et les choses ressortent sous un autre angle, tempérant les déceptions excessives.
D'un trapio très respectable en accord avec la taille du ruedo, musculeux et dans le type, la critique pouvait porter sur les têtes.
J'entends ça et là émettre des réserves.
Dans ce genre d'élevages de grande notoriété et de camada relativement courte, la différenciation entre les lots attribués se fait sur ce critère. De plus, les possibilités de choix sont réduites (on choisit entre 8, 9 toros).
C'était cela ou c'était rien! Nous avons choisi cela, car «cela» n'avait rien d'indigne. C'est une présentation objectivement en dessus de notre catégorie d'arène pour cette catégorie d'élevage.

Doña Dolores n'est pas une «maquignonne», elle n'est aucunement dans une logique de compromission commerciale, pas plus que Fernando son mayoral. On N'AFEITE PAS chez Aguirre. Si on se promène parmi les cercados, on voit souvent des toros cornigordos. Je ne suis nullement un érudit en la matière, mais il me semble que c'est une caractéristique de la maison avec la forte proportion de bizcos, surtout dans la ligne Atanasio.
En outre, qui dans le cartel aurait eu le poids d'imposer ce genre de saloperie? Enfin afeiter un ou deux toros dans un lot et pas les autres n'a absolument aucun sens.

Appréhendant un «syndrome sévillan», nous avons réduit draconiennement l'accès aux corrales, en élaborant notamment un laissez-passer. Toutes les précautions ont été prises. Cela n'a pas empêché que 3 toros «s'escagassent» dans les opérations d'embarquement-débarquement par des embestidas répétées dans les cajones ou les portes, malgré nos précautions. Le toro placé en sobrero le fut pour cette raison.
Ce que je remarque, c'est que les cornigordos du lot ont été «péter» plusieurs fois dans les burladeros sans dégâts notables, et surtout sans «l'effet balayette» caractéristique.

En ce qui concerne le comportement, le lot a mis en exergue la diversité de ce que présente la casa Dolores, depuis le manso rugueux et âpre, querencioso à l'occasion, jusqu'au manso con casta y nobleza. Une vraie «Aguirrada» dans la tradition, moins suave qu'à Vic, plus qu'à Pamplona, un lot qui a ménagé l'attention jusqu'à la fin, malgré la pluie. Quelle que fût la qualité des piques, la quantité ne fut jamais en cause, pas plus que la faiblesse.

Même analyse du tercio de piques que pour la novillada, même si les suertes m'ont semblé plus consciencieusement effectuées. Le prix à Ramito m'a paru entièrement justifié. C'est un jeune piquero de Logroño, EXCELLENT CAVALIER, avec qui nous envisageons d'entreprendre un travail de fond pour «recruter» un fond de picadores motivés.

La brega et notamment les mises en suerte furent absolument lamentables dans l'ensemble, les toros abandonnés à eux-même, les peones exerçant dans un désordre préjudiciable, chacun y allant de son capotazo approximatif dans l'anarchie la plus totale. Certains toros ont eu bien du mérite à n'être pas «décomposés» à ce régime. On peut expliquer la chose -sinon la justifier- par la catégorie des toreros qui ne toréant pas souvent usent de cuadrillas de raccroc peu expérimentées et peu accoutumées à oeuvrer de concert.

Frascuelo était un pari...
J'ai apprécié l'entame du premier toro de Raul VELASCO avec ces séries basses très bien dessinées puis la faena du second. Il ne m'a nullement déçu, bien au contraire. C'est à mon sens un torero à voir et à revoir. Considérons surtout la qualité de son toreo au regard du peu de corridas engrangées, une insuffisance qui l'handicape à la suerte de verdad.
Alberto LAMELAS a fait preuve d'engagement et de courage sur ses deux toros. Sa faena à son premier, insuffisamment piqué selon moi, a été très sincère et valeureuse. Il s'est montré plus brouillon à la seconde.
Aucun regret d'avoir fourni une opportunité à ces deux jeunes matadores qui paient comptant avec leurs tripes.
Il manquait surtout un chef de lidia opérant.

J'ai bien entendu soigneusement relevé et inscrit sur mes tablettes les diverses réactions concernant les alguaziles et la cuadra.

En conclusion, une après-midi fortement obérée par la pluie et par certains choix qu'il reste à améliorer. Nous nous y attacherons cet hiver.
Merci à tous ceux qui nous ont aidé, soutenu et encouragé.
Merci à tous ceux qui ont formulé les critiques bienveillantes et constructives qui nous aident à progresser.
Xavier KLEIN
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6 commentaires:

pedrito a dit…

Après les embestidas de la colère et de la déception, du cul trempé et des cuisses fraiches, place au temple, et à la réflexion.
C'est peut-être gascon, cette "sainte" colère, mais çà ne nous empêche pas de proclamer: "VIVE ORTHEZ 2012!"
Et pourvu que j'y sois! Et qu'on s'y retrouve!

Anonyme a dit…

Ah Pedrito, on fait le gentil après avoir vomi (c'est le mot)sa déception la veille sur votre blog.
Rien ne change décidement dans une certaine frange de gueulards.

Anonyme a dit…

La colère de Pedrito et d'autres dimanche soir prouve une chose, cher Anonyme du dessus : au moins nous sommes constants et ce n'est pas parce que nous sommes à Orthez, Vic, Céret ou Parentis qu'on oublie nos convictions et notre es^rit critique. Ailleurs je ne sais pas, je n'y vais plus.

JPc

pedrito a dit…

S'il avait des cojones, l'anonyme, çà serait tellement plus ....acceptable.

Je ne suis pas plus gentil parce que ma colère s'éloigne. Toi, par contre, tu es manso, et tu le resteras

Hubert LEYSALLE a dit…

Tristes sirs que ces alguaziles!!!
Un mot tout même sur la Police interne représentant quoiqu'ils en pensent la Présidence. Ces bellâtres se sont montrés indignes et vulgaires tant à l'égard des Présidences que du public. Je crois avoir vu un doigt d'honneur de l'un d'eux en réponse à un spectateur mécontant de leur impassibilité au regard des agissements peu orthodoxe des subalternes. De fait, ils ont passé plus de temps le dos tourné au ruedo à bavarder, indifférents aux tentatives des Présidences de leur faire remplir ne serait-ce que l'apparence de leur fonction. Si tenté de penser qu'ils ne soient venus dans le seul but d'effectuer un tour de manège. L'arrogance et l'incompétence dont ils ont fait preuve méritent largement le goudron et les plumes, voire plus à mon sens.
Hubert LEYSALLE

Anonyme a dit…

Tout a fait d'accord avec le commentaire du dessus.. également avec votre analyse Xavier. Il y a toujours matière a améliorer les choses.. continuez !
Quant a l'alguazil, le célèbre Boutet.. nous sommes nombreux a penser qu'il faudrait lui trouver un successeur.. le "bouter" hors du ruedo.. si vous me passez l'expression...et ce, dans beaucoup d’arènes. Il était dimanche aprés midi, a un stade alcoolique avancé... c'est intolérable.
Mon cher Xavier, je vous conseille de faire un petit tout ce week end dans ma cité d'Hagetmau, vous y verrez de vrais alguacilillos.

Bravo pour votre travail, il y a des années avec, d'autres sans, vivement Orthez 2012!

Christian