Humeurs taurines et éclectiques

dimanche 13 novembre 2011

Onze onze deux-mille-onze (2)

La journée s'annonçait sous les meilleurs auspices. Température andalouse, ciel d'une limpidité saharienne, et mahomet de vieil or, éclairage façon toscane chez Botticelli.
Les tourelles des arènes Henri Capdeville se profilaient au bout du parking comme les minarets de la Mecque pour le hadji camelomobile, un comité d'accueil en livrée marine vous palpait l'anatomie des fois qu'un bougrain du bourg s'y dissimulât.
Sans parler des maîtres queux, les Brousse's brothers, qui avaient troqué la toque pour le bounet et dispensaient bonne et grasse ventrêche enjaunie d'oeufs de Chalosse. Seule mauvaise petite note, le café venait à manquer, heureusement remplacé par la cuisse rubiconde d'un rutilant et vigoureux vin d'Ibèrie.
Que tout cela était gascon!

Se pressaient sur les remparts, le ban et l'arrière ban de «l'afición de nouste». Celle de qualité qui vient pour voir et non pour être vue. Avec même un autobus de dacquois en folie...
Nuls «indignés» mais des grognards blanchis sous le harnais et des marie-louises qui connaissent et apprécient ce type de réjouissances où l'homme n'importe que lorsqu'il sert le toro.

Onze novembre 2011, onze novillos, onze encastes (dont aucun à la mode): fallait oser!
La «Jeune Afición» l'a fait, en avançant la jambe et, ma foi, le «résultat» fut des plus plaisants. D'ailleurs, à qui le «résultat» importait-il vraiment? «Résultat»: un mot d'économiste, pas d'aficionado!  Contrairement aux «spectateurs», les aficionados viennent à ces rencontres pour se retrouver, sans autre gratification attendue que de menus détails savoureux et le plaisir d'une différence qui devient un luxe, la vraie élégance taurine qu'il convient d'apprécier comme un vieil armagnac de bonne race.
Là est le vrai bon goût! Là est la quintessence! Là est la pure et indépassable volupté!
D'ailleurs nul cuistre, nulle vanité taurine ne venaient porter en ces lieux bénis, leur fausse note. On n'y pouvait rencontrer de ces snobs parisiens ou de ces observateurs mondains qui ne sauraient troquer le champagne des 3 étoiles contre le vino de la tierra, et les raffinements diététiques contre la glèbeuse poule au pot.
Et pourtant, toutes proportions gardées, il eut affluence pour un évènement de ce genre!!!

Je ne saurais -et ne voudrais- décrire l'exhaustivité de la journée.
Lecteur, tu n'avais qu'à y être!
Pourtant, sur les 11 sympathiques concurrents cornus, j'en relevais au moins 4 qui présentèrent fière figure.
3/11 ou 27,3%, comme l'on dit chez les économistes taurins, c'est largement supérieur aux résultats individuels ou cumulés des «grandes» ferias du sud-ouest. Excusez du peu!
Un Vega-Villar de Valrubio surprenant de noblesse, mais aussi de fadeur et de faiblesse.
Un Coquilla de Mariano Cifuentes malheureusement écorniflé.
Un Atanasio-La Corte de Malabat, remarquablement présenté, qui fut pour moi, par sa caste rugueuse, le toro le plus intéressant de la journée.
Un Arranz de Gustal de Campocerrado débordant de mala casta.
Et enfin pour clore, un Santa Coloma d'Andrés Celestino García, faiblissime et soso.
Nous eûmes grand plaisir à voir ou à revoir, nonobstant des prestations variables, des toreros aficionados comme Raul Velasco, très accrocheur et … accroché, et Fernando Cruz.

On nous annonça à l'entracte gastronomique, qu'une injustice avait été corrigée puisque le lot de Valdellan de Parentis en Mille Bornes (ils sont joueurs...) fut déclaré triomphateur des novilladas du Sud-Ouest par le conclave des Critiques Taurins. Puissent les indignés en tirer les conséquences et soutenir ces plazas qui brandissent fièrement et sans complexe le flambeau que d'autres sont indignes d'envisager...

En tarde, le Veragua de Pablo Mayoral montra des manières très civilisées en dépit, lui aussi, d'une faiblesse un tantinet décevante pour cet encaste et cette ganaderia. A revoir pourtant.
Le Murube de Castillejo de Huebra fut surprenant: un élevage à revoir également.
L'exemplaire de Cruz Madruga, son invalidité aidant, ne fit guère honneur à son propriétaire.
Le Urcola présenté par Victorino Martin Hijo pâtit d'une brega capotière excessive et désordonnée qui obéra des ardeurs initiales limitées.
Je ne me rappelle guère du représentant de l'Astarac (origine Pedrajas).
Il fallait terminer en beauté, ce fut le cas avec un ambassadeur lumineux et complet de la casa Baltazar Ibán qui démontra, comme ses congénères qui sortent régulièrement dans nos arènes, combien cette ganaderia est injustement et stupidement oubliée dans nos arènes Gseptièmes. Un eral remarquable de caste vibrante qui bouffa tout cru son novillero.

Des garçons, aucun ne me convainquit vraiment, certains en sachant trop dans l'art de toréer (ou plutôt de faire des passes), d'autres en sachant trop peu.

Bétail intéressant, avec des physiques et des comportements différents: que demander de plus?
Au final, une excellentissime journée, passée en merveilleuse compagnie dont il faut louer la Peña Jeune Afición pour son dévouement, son investissement, son travail considérable et son organisation sans faille (à part la poule au pot remplacée par du confit pour l'arrière garde apéritive, offense que je ne leur pardonnerai JAMAIS, sauf réparation sur le pré...).
Xavier KLEIN
***

1 commentaire:

Patrick a dit…

Dieu que cette belle réalité est bien retracée!!!