Humeurs taurines et éclectiques

vendredi 11 mai 2012

Courrier adressé ce jour à Monsieur Nicolas DEMORAND, n.demorand@liberation.fr

Monsieur,
La chronique taurine de Jacques DURAND semble devoir être supprimée à compter du premier juillet 2012. Les raisons de cette suppression n’ont pas été explicitées, mais le talent de Monsieur DURAND ne pouvant être mis en cause, on peut supposer que les pressions du lobby bestialiste et la tendance actuelle à un moralisme de bon aloi ont joué leur rôle.
Tant dans le fond que dans la forme, cette décision s’avère préjudiciable à la fois pour votre journal qui incarnait une certaine liberté de ton et de pensée et pour notre société qui bascule un peu plus dans un «moralismement correct» et un puritanisme très anglo-saxon.

Il convient avant tout de se poser la question de savoir si la première fonction d’un organe de presse n’est pas de rendre compte d’une actualité et en l’occurrence du phénoméne socio-culturel atypique et dérangeant que constitue la tauromachie plutôt que de l’ignorer à des motifs contestables.
D’évidence, cette exigence intellectuelle et philosophique pèse moins à vos yeux que la politique racoleuse que l’on voit se développer à «Libé» ces derniers temps. Une politique qui se traduit certes par une augmentation des ventes l’an dernier, mais semble t-il également par une défiance et un désaveu croissant de vos journalistes quant à des décisions autocratiques et une ligne éditoriale populiste (si l’on en croit les attendus de l’Assemblée Générale du 2 avril 2012, après la motion de défiance votée à votre encontre en juin 2011). Les tabloïds d’Outre-Manche aussi battent des records de publication, ce qui ne cautionne en rien la vacuité nauséabonde de leurs contenus.

«Libé» se conformisme, «Libé» rentre dans le moule de la médiocre conventionnalité ambiante, «Libé» abdique sa liberté et son impertinence. Cette capitulation, qui ressemble tant à une autocensure marque une étape supplémentaire d’une certaine normalisation des esprits et de l’empire de la pensée unique.
C’est triste, c’est pitoyable et cela n’est pas digne du journaliste libre et frondeur que vous fûtes lorsque vous exerciez encore à France Inter. C’est aussi l’expression arbitraire du fait du prince qui renonce à l’indispensable diversité des idées et des cultures.

De renoncement en adaptation consensuelle, «Libé» perd peu à peu son âme et sa différence, et par là son intérêt.
Il faut vous imaginer heureux dans le meilleur des mondes aseptisés…
Avec votre amie Pimprenelle, je vous souhaite la bonne nuit, Nicolas.
Xavier KLEIN
Vous pouvez réagir là:
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A lire:
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2 commentaires:

el Chulo a dit…

Libe est devenu une PQR régionale parigote, snobinarde et intello dans le très mauvais sens du termre..

Honte à Libé!

Comme Jean Ortiz ce sera sans mes sous dorénavant.

Anonyme a dit…

libé est devenu un journal de bobos depuis longtemps, à peu prêt la fin des petites annonces de rencontre et de soutien aux prisonniers, rien qui dérange n'est-ce-pas, maintenant que la corrida n'est plus de mode chez les bobos du nord c'est logique.

Roquemaurois