Humeurs taurines et éclectiques

samedi 20 août 2016

Ah mon Dieu qu'elles bêêêêlent...


Entamé par une banderolle «Dax, ville taurine» (ou un truc dans le genre), le cycle dacquois s'est achevé lundi 15 août 2016 dans le pseudo paroxysme cathartique de l'agur jaunak. Un final «nurembergien» qui résume parfaitement le contenant et le contenu factices d'une fête dont la tauromachie ne constitue plus que le carburant frelaté.
La dernière corrida des fêtes fait toujours salle comble, non pas en raison de son affiche taurine -on y pourrait coller n'importe qui, n'importe quoi, qui ferait recette-, mais par l'engouement des sectateurs de l'uniforme rouge et blanc, des manipulations foulardières savamment orchestrées et de la factice émotion de supermarché ainsi distillée.1
On est loin de l'affligé «pobre de mí, pobre de mí, que se han acabado las fiestas de San Fermín» du prolétaire navarrais qui porte le deuil de sa parenthèse dyonisiaque, avant de retourner à la médiocrité de son ordinaire.

Vendredi 12 août 2016: «Dieu dit: «Que la lumière soit.»»
Les dacquois ont le sens de l'humour involontaire: la susdite banderolle précédait la plus pitoyable corrida qui fut (6 toros de Nuñez del Cuvillo, moyennement présentés, faibles et manquant de race pour Curro Diaz, José Maria Manzanarès, Joaquin Galdos), un véritable manifeste anti-taurin du fait de l'insipidité programmée de ces bestioles de production standardisée.
Fallait-il attendre plus? Certes non au regard du cartel et du public de spectateurs friands de ce genre de facéties. On retiendra quelques séries et un trincherazo de gala du Maître Curro. Plus amusant, l'insistance têtue de Joseph Marie à caser un recibir -suerte d'engagement- inapproprié et paradoxal après des faenas de fonctionnaire cubain retraité.
3 oreillettes (1 pour Curro Diaz sur bébête inexistante après une épée tombée, 1+1 sur carretones lymphatiques pour Galdos qui «triomphe» [sic!!!]).
«Il y eut un soir, il y eut un matin: premier jour.»

Escalafón* au 20 août 2016:
Curro Diaz: 19ème, 13 festejos (5 en 1° catégorie)
José Maria Manzanarès: 6ème, 26 festejos (11 en 1° catégorie)
Joaquin Galdos: 37ème, 6 festejos (2 en 1° catégorie)

Samedi 13 août 2016: «Dieu dit: «Qu'il y est un firmament au milieu des eaux … thermales»»
Bis repetita placent, au firmament de Benidorm sur Adour, les jours se suivent et se ressemblent avec 5 toros [sic!!!] de Jandilla faibles et décastés et 1 de Vegahermosa (5ème plus intéressant ou moins pénible, selon l'éternel principe du verre à moitié ...) pour Daniel Luque, Pepe Moral et Jiménez Fortes. Même brouet fadassissime que la veille, mais sans Curro. Que vient faire le sieur Pepe Moral, du fond de l'escalafón, dans ce colloque de simili vedettes? Sifflets à l'organisation à l'issue du barnum.
La moyenne baisse: une oreillette à Moral pour s'être hissé en-dessous de son moins pire adversaire.
«Il y eut un soir, il y eut un matin: deuxième jour.»

Escalafón* au 20 août 2016:
Daniel Luque: 28ème, 11 festejos (4 en 1° catégorie)
Pepe Moral: 44ème, 5 festejos (4 en 1° catégorie)
Jiménez Fortes: 14ème, 16 festejos (7 en 1° catégorie)

Dimanche 14 août 2016 matinée: «Dieu dit: «Les eaux thermales qui sont au-dessous du ciel, qu'elles se rassemblent en un seul lieu et que paraisse le ruedo dacquois...»»
Sint ut aut non sint! Il fallut boire le calice jusqu'à la lie -ou l'hallali...- c'est à dire jusqu'à l'apothéose de l'inconsistance. Ce fut mission impossible accomplie à l'heure de sexte. Le lot inégal de Garcimores faibles, fades et aussi collaborateurs qu'un gouvernement de Vichy se prêtait à la gaudriole version Tarbelle.
Avec l'entregent -et non l'entre-jambes- hyperactif d'un palco de façade, on allait voir ce qu'on allait voir, c'est à dire une de ces corridasses où les figurasses moissonnent à tout va, façon Saint-Valentin du trophée.
Il faut dire qu'on avait tablé pour les ferias sur 6 vueltas, 34 oreilles et peut-être 1 queue si les circonstances zidoines et zadéquates s'y prêtaient. Las! Las! Las! On demeurait bien en deçà du compte, en dépit d'efforts prométhéens autant que méritoires, un peu comme la France aux Jeux Olympiques, dopage compris, sauf qu'à Dax les arbitres jouent pour l'empresa.
On avait fait donner à outrance l'excellente Harmonie de la Néhe, jouer les paseos les plus héroïques, tenter les solos les plus déchirants.
On avait, comme dans toute bonne plaza balnéaire, fait tarder les arrastres pour convaincre les palcos réticents de céder aux broncas.
On avait bien commis les spadassins de callejon à la calomnie d'éventuels détracteurs: à Dax quand on critique, c'est paraît-il par malveillance à l'endroit de l'organisation, voire pire, des édiles.
Maigre et décevant résultat: 6 malheureuses oreilles. Pas de quoi éditer le bouquin déjà programmé et souscrit sur la journée historique.
«Et le combat cessa faute de combattants.». Comment évoquer le vide, la vacuité consternante mais néanmoins prétentieuse? Serais-je excessif? Mais alors comment expliquer aux absents que 6 oreilles dégringolèrent quand on serait bien en peine de se rappeller, quelques heures après, le pourquoi de l'opération et le souvenir d'une seule -qu'allais-je écrire!- passe?
Harassé de Sol Invictus, terrassé d'ennui, l'office de sexte ne se terminerait pas par les perles du psaume 44-1:
«D'heureuses paroles jaillissent de mon cœur
quand je dis mes poèmes pour le roi
d'une langue aussi vive que la plume du scribe!

Tu es beau,
comme aucun des enfants de l'homme,
la grâce est répandue sur tes lèvres:
oui, Dieu te bénit pour toujours.

Guerrier valeureux,
porte l'épée de noblesse et d'honneur!
Ton honneur, c'est de courir au combat
pour la justice, la clémence et la vérité.»
A vêpres peut-être!

Escalafón* au 20 août 2016:
El Juli: 8ème, 24 festejos (12 en 1° catégorie)
Alberto Lopez Simon: 1er, 41 festejos (16 en 1° catégorie)
Andres Roca Rey: 2ème, 35 festejos (15 en 1° catégorie)

Xavier KLEIN
Suite au prochain épisode



1«La date du 15 août est importante à Dax, car elle est synonyme de dernier jour de la feria et dès la corrida terminée, l'Agur Jaunak prend sa place.» sur le site de Thomas DUFAU: http://www.thomasdufau.com/decouvrez-la-ganaderia-et-le-cartel-de-dax-rp-7-513


2 commentaires:

Anonyme a dit…


Xavi ! quel retour !...vous êtes mon obao de jouvence.

..plouf !

ernesto bain

el Chulo a dit…

Dommage Xavier! Retour haineux, aigri, injurieux, mais on connaît l'inspiration penesca!
Les corridas sont annoncées longtemps à l'avance. Tu sais parfaitement ce que tu vas voir. Lorsque cela ne te plaît pas, ou ne correspond pas à ce que tu recherches en matière d'émotion, tu restes chez toi, comme moi.
Maintenant, c'est un spectacle, et prendre tout le monde pour des cons ou des pourris finit par lasser.
Tu n'as pas eu que des réussites à Orthez non plus, et tout le monde a observé une réserve polie.
Pour le reste, je ne suis pas pour l'imitation des fetes de Pamplona, malheureusement c'est devenu un fait accompli, sous l'impulsion de commerçant(s) malins et influent(s). Cela semble rendre les gens heureux, comme certaines choses en tauromachie. Merde, le bonheur est rare.
Quant au pauvre paysan navarrais, qui n'est pas basque, il a fourni les troupes des requetes, ces tueurs intégristes, aidés par de forts zélés curés en armes.
Peut être que le seul problème de l'agur est d'être basque, mais on pourrait aussi terminer sur le "y'an petits que dansent"!
Tout ce qui est excessif est superflu!